Mon nom est Bizimungu Mubarak, mais on m’a surnommé Rukushu (Hutu). Le génocide a commencé quand j’étais à Kicukiro chez moi. C’était la nuit quand j’ai entendu des balles à l’extéterieur, mais je ne suis pas sorti  pour voir ce qui se passait jusqu’à tôt le matin quand j’ai essayé de regarder à travers les fenêtres.

Chez moi j’avais  un jeune homme sous le nom de Charles qui a été surnommé Mututsi. Quand je lui ai demandé ce qui se passait à l’extéterieur il m’a dit qu’il ne savait pas non plus, seulement qu’il y avait une fusillade et qu’il a vu des véhicules militaires. Près de ma maison il y avait un kiosque avec une cabine de téléphone à l’intérieur, alors j’ai essayé de la percer et j’ai commencé à téléphoner à tous les membres de ma famille pour voir s’ils vivaient toujours. Mais dans ce kiosque je pouvais voir les soldats qui se déplaçaient vers un homme qui s’appelait Kanyarwanda et aussi vers un autre homme qui s’appelait Inyasi. Je savais que tous les deux étaient Tutsis. Immédiatement j’ai entendu des tirs et moi, je pensais qu’ils les intimidaient pour recevoir de l’argent. Mais je ne croyais pas qu’ils les avaient tués. Quand les soldats sont partis, je suis allé chez Nyasi pour voir ce qui leur est passé. Oh mon Dieu, ils les ont tués et il y avait beaucoup de sang qui coulaient par terre.

Après m’être rendu compte de ce qui se passait je suis rentré, mais avant d’y arriver j’ai trouvé l’housegirl d’Inyasi avec trois enfants et elle demandait du secours. Elle était en train de les cacher dans les maisons des familles voisinantes, mais personne les a aidés. Au lieu de cela elle a été chassé. C’est à ce point-là que j’ai commencé à cacher les gens. Je lui ai demandé de m’accompagner chez moi. Il y avait un autre homme qui s’appelait Innoncent et qui avait une femme Tutsi. Ils étaient mes voisins. Après quelques minutes l’Interhamwe est venu chez lui pour tuer sa femme et pour ne pas la tuer ils ont demandé de l’argent d’Innocent. Il n’avait pas les moyens à ce point-là alors il m’a demandé de lui prêter quarante mille francs. Bon alors; je lui ai donné l’argent pour sauver sa femme. Immédiatement après son départ il est revenu de nouveau et il a dit, “Permettez-moi d’amener ma femme sinon ils vont revenir et la tuer parce que je n’aurai pas d’argent leur donner.” J’ai accepté et elle est restée chez moi.

Après ça, il y avait une autre femme qui s’appelait Geneviève qui avait un restaurant où j’allais pour la nourriture et même stationner ma véhicule pour la nuit. Je l’ai vue avec une autre femme qui marchait avec trois enfants vers un barrage de l’Interhamwe. Je les ai arrêtés et je les ai ordonnés à aller chez moi simplement parce qu’ils allaient être immédiatement tués parce qu’ils étaient tous des Tutsis. Et maintenant le ruse que j’ai utilisé je me déplaçais en portant ma machette (pang en kinyarwanda) et cela m’a tellement aidé simlement parce que l’Interhamwe pensait que je tuais ou je faisais le même job qu’ils faisaient.

Je me souviens de quelques Interhamwe connus aux noms de Damien, Benya, et des autres qui sont venus et m’on dit qu’il y a une famille, la famille de Gerald, qui restait et qu’ils voulaient aller les tuer donc j’ai dit, “Vous parlez de la famille de Gerald? Je les ai tués et vous n’avez pas besoin d’y aller parce qu’ils sont morts,” Mais en réalité je les decevais et après les avoir convaincus j’avais l’intention d’aller sauver Gerald parce qu’il était un bon ami à moi et je le connaissais bien. Donc je suis allé chez Gerard avec l’homme dont je vous ai déjà parlé, Charles (Mututsi) et quand il m’a vu armé d’une machette, il a dit, “je sais que tu es venu pour me tuer, mais n’oublie pas de le faire en vitesse parce que je veux mourir immédiatement.”

Je lui ai dit qu’il était mon ami et je lui ai dit, “Je suis venu pour te tuer, mais essaie de m’aider.” J’ai dit que nous devions nous déplacer de cet endroit sinon ils vont venir pour lui. Je lui ai donné un manteau long (trois-quarts) et je l’ai emmené chez moi. La maison était grande avec beaucoup de pièces et plus tard je suis allé emmener sa femme et ses enfants à des endroits différents,  à la maison d’un pasteur qui s’appelait Jonathan pour éviter de les cacher tous dans un endroit.

Gerald était dans ma maison et je lui ai fourni une cuvette qu’il a utilisée comme toilette simplement parce qu’il ne pouvait pas aller dehors et j’ai sorti les déchets et je lui ai rendu la cuvette. D’ici peu il y’ avait presque cent personnes chez moi. Je pouvais fournir de la nourriture à tous qui restaient chez moi . Ce n’était pas facile, mais il y’avait assez parce que je travaillais chez le programme alimentaire mondiale avant le génocide et j’avais des sacs de nourriture qui y étaient entreposés.

Le moment est venu quand les chefs Hutus ont distribué les fusils partout dans la région et on m’en a donné un, mais je ne savais pas l’utiliser. Mais j’ai fait semblant comme si j’avais été instruit parce que mon travail était pilote transport de marchandises en provenance du Kenya au Rwanda.

Je faisais tout cela parce que je croyais que c’était la puissance de Dieu qui m’inspirait et me donnait la résolution.  La situation était terrible et humiliante, mais le moment est venu où je ne pouvais pas cacher plus de personnes dans ma maison et j’ai commencé plutôt à leur diriger à l’endroit où le FPR avait atteint afin qu’ils puissent être sauvés. C’est parce qu’ils ont capturé certaines régions pas loin d’où nous restions à ce temps-là. Mais j’ai dû employer des trucs pour que les soldats de FPR ne tirent pas sur eux. Donc je leur ai ordonné d’ôter tous leurs vêtements et avancer nus vers les soldats et lever leurs mains et cette méthode nous a aidé parce que beaucoup de gens ont été sauvé par les soldats FPR et ceux qui ont été sauvé ont demandé aux soldats de venir m’aider parce qu’il y avait beaucoup de gens chez moi, surtout les Tutsis. A ce moment-là l’Interhamwe m’avait soupçonné d’avoir caché des Tutsis et ils avaient l’intention de venir les tuer, et peut-être moi aussi.

Beaucoup de gens sont tombés malade et ce n’était pas facile d’obtenir des medicaments pour eux. La seule opportunité était parce que près de chez moi il y avait des pharmacies et des centres d’hygiènes sociales où j’obtenais des comprimés et d’autres approvisionnements médicaux. Je pouvais les procurer même si je n’étais pas médecin parce que je pouvais lire et comprendre les indications et puis je pouvais pourvoir des medicaments aux gens malades.

Comme je suis moi-même Hutu, j’avais peur des soldats FPR et j’ai pensé que peut-être ils me tueraient même si j’avais envoyé des gens aux FPR. J’ai décidé d’aller à la milice, mais j’ai appris qu’ils avaient l’intention de me tuer simplement parce qu’ils avaient su que je cachais des Tutsis et qu’à la même fois je collaborais avec le FPR. Parmi la milice (l’Interhamwe) j’ai eu un ami qui est venu pour m’avertir de ce dont ils avaient l’intention de faire contre moi.

Mais  comme j’avais un fusil la majorité avait peur de moi parce que j’étais plein d’énergie et j’étais fort. Tout de même, j’ai commencé à être pris de panique parce que ma vie était en danger. La milice est venue et elle m’a demandée de leur donner mon fusil afin qu’ils puissent faire des opérations militaires. Je n’avais pas de choix. J’ai dû le leur remettre, donc le prochain étape était d’être tué, mais grâce à Dieu immédiatement après le FPR a commencé à tirer vers nous et nous étions dispersés et puis je me suis échappé et je me suis enfui.

En cours de m’enfuir, j’ai réussi à arriver à la ville de Kigali et j’ai procuré un véhicule. Et puis je suis allé à Gisenyi où j’ai fait obtenir des pommes de terres irlandaises et je me suis installé avec la femme qui était la propriétaire du véhicule que je conduisais. Pendant que j’étais à Gisenyi un Hutu a loué mon véhicule pour aller ramasser sa famille qui était à Gitarama et il a dit à la famille de se préparer et nous sommes allés à Gisenyi, mais près de lui j’ai trouvé deux filles tutsies très belles qui m’ont demandé de leur aider simplement parce que c’était probable qu’elles seraient tuées. J’ai hésité, mais en hésitant un vieil homme s’est approché de nous et il a dit, “s’il vous plaît il vaut mieux que vous les aidiez parce que si vous les laisser ici, elles seront tuées et Dieu voudrait que vous les sauviez. Donx, j’ai décidé de faire cette décision.

Mais ensuite la famille, qui je suis venu chercher, ne voulait pas que je les emmène. Je leur ai dit, “s’il vous plaît je vous emmenerai, mais si vous ne voulez pas, sortez du véhicule, et j’emmenerai seulement ces deux filles.” Alors ils ont accepté et je les ai emmenés sur la route de Gisenyi. Mais en route, près de Ngororero, je savais qu’il y avait un barrage et ils seraient certainement tués. C’était noir alors j’ai décidé de louer une maison pour une semaine, mais mon plan était de vite venir les éloigner de cet endroit. Quand nous sommes arrivés à Gisenyi, je suis retourné pour ces jeunes filles et je les ai emmenées à Goma simplement parce que’elles m’ont dit qu’elles avaient de la famille à  Goma simplement parce que’elles m’ont dit qu’elles y avaient des parents qui y sont allés.

De Gorma je suis allé au Kenya pour continuer mon travail en transport de marchandises, en arrivant dans le Uganda, j’étais capturé par des soldats rwandais du FRP puisqu’ils avaient une base dans ce pays alors ils m’ont rentré au Rwanda dû au fait qu’ils m’ont soupçonné que j’ai fait partie du génocide. J’étais emprisonné et on a fait des enquêtes et ils se sont rendus compte que j’ai sauvé beaucoup de gens. Ils m’ont immédiatement libéré. Ma femme, qui était Tutsie, elle a été tuée en route pour Cyangugu et seulement mes enfants ont survécu. Beacoup plus tard je me suis remarié.

Sur Gacaca?

Selon moi et selon beaucoup d’autres rwandais, Gacaca est très bon et très important parce qu’il a résolu de nombreux procès où ce qui ont tués ont été facilement identifiés par les villageois. De mon côté, j’ai promis de faire une déclaration sous serment de tout ce qui s’est passé et de dénoncer tous qui ont pris part à tuer les gens innocents.

Au sujet de sécurité, j’ai rencontré des gens différents qui essayaient de m’intimider en disant qu’ils me tueraient comme j’ai dénoncé leurs parents. Mais je les ai rassurés que je ne serai pas du tout intimidé dû au fait que ce qu’ils ont fait était contre l’humanité. Mais j’ai essayé d’informer les authorités de ma situation de sécurité et je suis certain que nous serons protégés.

Sur la réconciliation, ce n’est pas du tout facile, mais quand vous considerez où nous sommes actuellement le gouvernement a fait beacoup et les rwandais pensent plutôt au développement qu’à la vengeance.

Selon des chercheurs, en conclusion, Bizimungu Mubarak leur a dit qu’il avait un liste d’environ une soixante-dixaine de gens qu’il a sauvés, quoiqu’il dise qu’il a sauvé plus de soixante-dix personnes.

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